Du brassage amateur à la production professionnelle
Tout à commencé à Mayotte en 2011 où, avec mon meilleur ami Luc, nous avons fait une bière à partir d’un concentré de malt. Le fermenter à été à partir d’une bonbonne de fontaine à eau. La fermentation a eu lieux, mais les températures tropicales trop élevées ont produit une bière de piètre qualité.
Qu’à cela ne tienne, l’expérience nous a plu et nous recommencerons. Notre objectif est de boire de bonnes bières, de qualité, à un prix raisonnable. Le tarif de la bière est élevé en outre mer. Une logique environnementale nous anime également. Pourquoi importer 90% d’eau alors qu’elle ne manque pas sous les tropiques.
Après moultes pérégrinations, nous créons à La Réunion en 2018 la Brasserie du Cyclone (le nom à été trouvé lors du premier brassin durant le cyclone FAKIR qui s’abat brutalement sur la Réunion et qui nous retient à la maison). L’aventure prend forme. Nous fabriquons tout notre matériel au fur et à mesure jusqu’à atteindre un volume de 70 litres par brassin. Nous ne vendrons pas notre bière mais la consommerons avec nos amis et en produirons pour différentes occasions (anniversaires, mariages, enterrements, fêtes de fin d’année). Nous produirons des Ale, des IPA, des bières de type Abbaye et tout ce que nous voudrons au fil de nos envies.
La brasserie était installée chez moi et les frigos trafiqués en enceintes thermostatées se sont accumulées dans le salon. Je remercie encore Marine ma coloc pour sa patience et ses conseils avisés de goûteuse privilégiée.
On va produire plus de mille litres de bières en 4 ans. Les amis sont fans et n’arrêtent pas de nous proposer d’acheter de nos breuvages. On travail tous les deux comme ingénieurs et ne sommes pas encore prêt à devenir pros. Pas grave on s’amuse, apprends plein de choses et on revoit des principes de bio, de physique et de chimie qui deviennent concrets. Réaction de Maillard, oxydation, loi des gaz parfaits, réaction enzymatique, etc.
Des amis s’y mettent. On les forme sur leur matériel.
Luc et moi avons sympathisé avec Marcel, un gîteur de Mafate, le cirque de La Réunion où on ne peut se rendre qu’a pieds. Marcel regrette de devoir faire venir de la bière par hélicoptère pour ses clients. Il est curieux de notre passion de brasseur amateur. On en parle. On se fait des promesses et puis… plus rien. C’est Luc qui relance le projet après la crise sanitaire et qui organise le premier brassage à Mafate. On est suivi par Frank Cellier, un journaliste du Quotidien de La Réunion qui trouve le projet intéressant pour ses aspects sportifs, environnementaux et de camaraderie. On est accompagnés par Patrick notre pote brasseur (beau frère de Luc, créateur de la Brasserie du Jugement Dernier, mais pas que…) chez qui Marcel s’est rendu en métropôle pour découvrir une brasserie écolo (bio et Nature & Progrès) après avoir fait une formation à l’institut français des boissons de la brasserie et de la malterie (IFBM). Un article sur le projet est disponible via ce lien. On brasse, on met en bouteille, on re-brasse et on passe le flambeau et une partie de notre matériel.
En 2021, j’ai 40 ans. Ma mère à perdu son compagnon et je décide de mettre entre parenthèse mon travail pour retourner en métropole lui filer un coup de main pour pour des projets divers. Au programme travaux, déménagement, famille, aventures et bien entendu bières ! j’achète une brasserie mobile et un van pour mener la vie de gypsy brewer. Je vais brasser avec mon père, ma grand-mère (pour faire une bière pour ses 90 ans) et plein d’autres. Je brasse chez moi et partout ou je serais invité. Je vais aussi rencontrer un communauté de brasseurs qui m’accueillera comme : « le brasseur des tropiques ».
Tout ça c’est quand même fatiguant. Du coup entre le mois d’aout et les vendanges je suis parti en Europe de l’Est pour voir comment ça se passait.
L’été 2022 arrive enfin. Je rejoins les amis de La Réunion de passage en Métropole à la Brasserie du Jugement Dernier. On va donner un coup de main à Patrick qui a beaucoup de travail avec les festivals qui battent le plein et qui lui commandent des grandes quantités de bières. Au programme brassage avec Luc sous la supervision de Patrick, enfûtage et petits travaux de maintenance.
Je me rends ensuite chez mon père pour brasser une bière pour le mariage de ma cousine sur sa brasserie Polsinelli 100 litres. On brasse une base de Ale qui sera enfutée en soda keg en partie, vieillie en fut d’eau de vie de prune, mise en bouteille et fermentée en fut isobarométrique avec houblonnage à cru pour le Mariage.
Après les vendanges en Alsace en Septembre, je retourne à la Brasserie du Jugement Dernier les 15 premiers jours d’octobre pour un stage conventionné par Pôle Emploi dans le cadre de mon projet de reconversion professionnel. Je cherche à réaliser trois stages à minima pour ensuite faire le diplôme universitaire d’opérateur de brasserie de l’Université de La Rochelle. Au programme de ce stage brassage, enfûtage, maintenance, mise en bouteille, visite de la Malterie des Volcans, brassage d’une bière test pour un festival, Calibration de la sonde pH, test de densité, nettoyage du labo, de la salle de brassage, de la salle de fermentation, des fermenteurs, etc. Le stage s’est très bien passé. J’ai continué à apprendre beaucoup de choses grâce à Patrick et à sa pédagogie mais également tout seul grâce à mon autonomie.
La brasserie du Jugement Dernier se trouvant pas très loin de chez mon père j’en ai profité pour lui rendre visite et pour brasser un mout pour l’élaboration de son Whisky.